Autonomie – libre arbitre
Chaque homme, chaque femme doit pouvoir faire usage de sa liberté. Ses
choix de vie et d’action lui appartiennent ; il/elle en assume la
responsabilité.
L’humanisme et la solidarité nous imposent de construire tous ensemble,
dans une position égalitaire, cet accès pour chacun au libre examen, à
l’autonomie et à l’émancipation.
Pour nous, il n’est pas un être humain, fut-il handicapé, qui n’ait
droit à la liberté dans ses choix.
Certains d’entre nous ont besoin d’être accompagnés ou le demandent, et nous sommes là pour les soutenir. Au-delà de ce soutien, chacun doit pourvoir exercer sa part de liberté, chacun doit pouvoir conduire sa vie là où il souhaite la mener, même si cette destination ou le chemin qu’il choisit ne nous convient pas.
Les clefs que nous proposons aux personnes que nous
rencontrons sont ces valeurs qui fondent nos propres actions sur le
terrain : l’esprit critique d’un côté, méthode qui doit être offerte à tous, et l’humanisme et la tolérance de l’autre.
La volonté que chacun soit autonome fonde principalement nos actions de contacts directs avec le public telles que les entretiens individuels,
qui permettent de mettre à plat bien des situations dans une parole
d’humain à humain pour pouvoir, après avoir pris le temps d’en
discuter, mieux reconstruire, ou encore les groupes de parole
que nous organisons principalement en institution.
Nous nous écartons
volontairement de la démarche des psychologues ou de l’assistance
sociale qui ont leurs professionnels auxquels nous ne souhaitons pas
nous substituer ; nous nous situons davantage dans un dialogue
égalitaire non spécialisé.
Humanisme
Le respect de l’être humain et de ses possibilités d’épanouissement personnel sont les priorités absolues de tout humanisme.
A nous de construire une société autour des valeurs centrales qui garantissent à chacun un accès à la liberté et au bonheur.
Etre humaniste, dans un monde sans dieu, c’est donner un sens à notre
existence et à notre présence sur terre en l’organisant autour de
l’amélioration des conditions de vie de tous les humains.
Le sens n’est pas donné, il est un acte volontaire et prend racine dans notre condition même d’humains.
Cette façon d’envisager le monde se nourrit
de valeurs telles que l’autonomie et la solidarité, mais nourrit également des valeurs comme la citoyenneté, le respect des droits humains ou la solidarité elle-même.
Les actions du CAL ont pour objectif, sur cette base, de travailler avec ceux qui le désirent à des outils visant la citoyenneté ou suscitant le questionnement
face à un environnement que d’aucuns nous affirment cadenassé.
Que pouvons-nous faire – nous fait-on penser – face aux guerres fratricides, aujourd’hui taxées de religieuses, hier s’inscrivant dans d’autres idéologies tout autant dogmatiques ?
Nous faisons le pari que
nous ne sommes pas aussi impuissants qu’on nous le dit : le
questionnement des modes d’information ou de prises de décision, la
création d’associations locales ou de portée plus large, notre
implication dans de telles associations, ne sont que quelques exemples
d’actions concrètes constructives à la portée de tous, alternatives à
une consommation boulimique d’actualités télévisées stéréotypées.
Nos actions peuvent s’inscrire dans notre environnement proche – en se
démarquant du principe que les intérêts collectifs sont la somme des
intérêts particuliers ou en tout cas de ceux de la majorité – , comme
dans une sphère régionale, nationale ou internationale.
Esprit critique, libre examen
Le libre examen est le droit pour chacun à la liberté de conscience et
à la réflexion critique, en dehors de toute référence à un dogme, à une
vérité imposée.
C’est aussi le devoir de remettre les idées reçues et les préjugés en question.
Le libre examen est une valeur que le CAL défend mais également un objectif.
Par nos actions, nous visons à amener chacun à se poser en personne
critique face aux croyances, face à la traduction des faits par celui
qui les raconte, face à une vision du monde fabriquée par d’autres.
Les thèmes abordés dans nos actions ont pour but de mettre chacun en
situation de penser par lui-même et, cela dans une interaction avec
d’autres. Nous explorons par exemple la norme amoureuse, le désir amoureux, la consommation,
et nous analysons les médias, les assuétudes, l’impuissance du citoyen
face au « système ».
Semer les graines du doute et du questionnement
par rapport aux vérités héritées ou érigées comme telles par quelques
nouveaux penseurs, quitte après examen à les faire nôtres si elles nous
conviennent, est la tâche que nous voulons remplir.
Le libre examen est un outil : il nous permet de regarder les choses en
face, de faire fi des tabous et interdits. Nous faisons le pari que
demain, il pourra être question sans gêne de l’homosexualité, de
l’extrême solitude de la personne âgée et de l’homme divorcé, de la
dépression, des assuétudes ou d’autres sujets qui font bien aujourd’hui
l’objet de quelques articles de presse, mais ne peuvent surtout pas
s’inviter dans l’intime des familles ou dans les cénacles politiques.
Solidarité
Humanisme et citoyenneté nous conduisent à nous préoccuper aussi de la solidarité.
Chacun a droit, sinon au bonheur, du moins à la recherche d’un plein
épanouissement. Nous nous devons de veiller à ce bien-être.
Dans l’optique que nous développons, être autonome et responsable de
soi et de ses actions, ne débouche certainement pas sur la solitude,
car en tant qu’humains vivant en société nous devons mettre en place
des mécanismes de solidarité entre tous dont in fine nous bénéficierons
très certainement nous-mêmes. La solidarité est le ciment de notre humanisme.
Cette notion de solidarité se retrouve dans la manière dont nous
concevons les rencontres avec le public dans un esprit égalitaire qui
favorise l’autonomie. Nous pensons qu’il est aussi à la base de toute action citoyenne.
Tolérance
La tolérance implique le respect des personnes en tant qu’individus
ainsi qu’une attitude d’ouverture et d’écoute. Cette attitude
d’ouverture ne nous oblige cependant pas à admettre n’importe quelles
idées.
Certaines idées sont en effet porteuses de haine, de mépris et de
discriminations. Au nom de la tolérance, nous devons les combattre.
Cette valeur fondamentale repose sur deux idées fortes qui peuvent
apparaître opposées mais qui sont pourtant intimement liées.
D’une part, le respect de l’autre dans sa ou ses différences.
Dans les
actions et animations menées par le CAL, liées à la norme amoureuse
et plus largement à toute norme, les participants ont pu éprouver la
diversité des différences et combien le conformisme pouvait être s’il
est exclusif enfermant pour soi ou pour l’autre. C’est de ces
discussions que nous tirons la certitude que la richesse naît du plus
grand nombre de points de vue.
D’autre part – et c’est là la limite de l’acceptation et de la
tolérance –, nous dénonçons les idées qui interdisent à l’autre, ou à
soi-même dans bien des cas, d’être différent.
Racisme, homophobie, sexisme, exclusion du plus faible, de celui qui vit autrement, etc. sont à traquer jusqu’et y compris dans nos préjugés, ces pensées toutes faites que nous n’avons bien souvent pas le réflexe de remettre en question.
Construire la citoyenneté, la rencontre de l’autre, c’est sortir du piège de l’enfermement univoque.
Citoyenneté
Mondialisation et individualisation semblent à la fois inséparables et
incontournables. Elles engendrent un sentiment d’impuissance et mettent
en péril les libertés.
Aujourd’hui comme par le passé, par des actions citoyennes, nous
pouvons et nous devons agir sur notre environnement proche ou lointain.
Alors que l’humanisme apparaît comme une philosophie de
vie à remettre sans cesse sur le métier, philosophie de vie que
d’ailleurs nous souhaitons voir partager par le plus grand nombre, la
citoyenneté et la solidarité sont deux valeurs qui s’adressent
à nous dans notre quotidien.
La citoyenneté s’entend généralement comme
une participation active au monde qui nous entoure dans le sens d’une
amélioration du bien-être de tous. Finalement, elle peut s’exercer de
manière assez passive en suivant les prescrits légaux ou coutumiers de
respect de l’autre et de son environnement. Et c’est déjà bien !
Mais nous aimerions aller plus loin.
Etre citoyen, ne serait-ce pas
aussi se questionner sur les mécanismes qui construisent notre
environnement ? Il s’agirait là d’une implication extrêmement active si
elle débouchait sur des actions concrètes visant à remplacer les
injustices, iniquités, inégalités injustifiables, par des lois, des
règlements, des relations sociales basées sur la solidarité et
l’égalité. Ne prenons comme exemple que l’accueil différencié selon le
statut social…
Notre réflexion autour de cette valeur débouche actuellement sur des actions visant le questionnement de nos fonctionnements, de nos préjugés, de la norme dans laquelle nous nous enfermons à notre insu. Nous avons en effet la possibilité de réenvisager ensemble
la réalité qui nous entoure dans une optique de mise en question de
notre approche de la différence, de revoir nos comportements à la
lumière d’une meilleure connaissance de l’autre, qu’il soit détenu, étranger, homosexuel ou défavorisé.
Démocratie et respect des droits humains
Une société démocratique est fondée sur le respect des droits humains
et du pluralisme. En construction constante, elle a pour base l’Etat de
droit et la séparation des Eglises et de l’Etat, mais aussi la
participation de tous au débat public.
La démocratie naît également de la richesse des différences, qu’elles
soient culturelles, sexuelles ou sociétales. Elle impose le respect des
droits fondamentaux que sont la liberté de conscience et d’expression.
L’un des objectifs de la laïcité organisée est « la volonté de
construire une société juste, progressiste et fraternelle, dotée
d’institutions publiques impartiales, garante de la dignité de la
personne et des droits humains assurant à chacun la liberté de pensée
et d’expression, ainsi que l’égalité de tous devant la loi sans
distinction de sexe, d’origine, de culture ou de conviction et
considérant que les options confessionnelles ou non confessionnelles
relèvent exclusivement de la sphère privée des personnes ».
Les actions menées par la laïcité visent donc la mise en place de ces
institutions impartiales et exigent que toute cérémonie organisée par
les pouvoirs publics ait un caractère civil et ne privilégie en aucun
cas une religion ou l’autre (voir www.laicite.be).
Dans le même temps, le Centre d’action laïque se range aux côtés de
tous ceux qui luttent contre toutes les formes d’exclusion basées sur
le sexe, l’origine, la culture ou les convictions des personnes ; nous
luttons ainsi activement contre l’extrême droite tout en menant des
activités d’éducation aux droits de l’homme ou à l’ouverture à l’autre.
La participation démocratique qui s’illustre notamment par la
participation aux scrutins est une de nos préoccupations.
Mais, à notre sens, la participation démocratique peut aller au-delà et mener à une véritable participation citoyenne dont l’objectif est l’amélioration des rouages de la société en vue de donner la possibilité à chacun de s’épanouir.
La critique négative du système ne suffit pas, encore faut-il, sur base de cette critique, mettre en débat démocratique les pistes nouvelles que l’on avance.